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BROUILLAMINI
14 juillet 2007

DEMON.

Résumé :

Akémi Mejishi est une jeune fille différente des habitants de son village. Elle est blonde aux yeux verts ce qui extremement rare dans la région où elle vit avec Nikko, son meilleur ami, et Uba, sa nourrice.

Le pays est en guerre et elle va être recrutée de force par le capitaine Senshi Gun, pour servir l'armée du roi Yami...

A partir de là, son monde va être bouleversé et ses origines vont la rattraper...
La vérité sera inquiétante et les épreuves bien difficiles pour la jeune femme.

Ses compagnons d'infortune et elle-même en ressortiront-ils intacts?
Rien n'est moins sûr...

Suspens, actions et romance dans un monde bien loin du notre. Dépaysement garanti !

Merci de noter que toute copie/reproduction de mon dessin et de mon histoire est interdite.

akemi210

PREMIER CHAPITRE

- Sois sage, mon enfant. Sois sage.
Le regard bleu clair auréolé de boucles blondes et empli de larmes, de douceur et d’espoir de ma mère se pencha sur moi.

J’ouvris brusquement les yeux sur le noir de la nuit, réveillée par le doux frôlement des gonds trop bien huilés, pour fixer avec intensité la porte où se découpait la silhouette de Nikko.
- Que se passe-t-il ? chuchotai-je en ressentant sa peur et son angoisse.
- Les soldats. Ils sont revenus, répondit-il dans un souffle.
Je me levai d’un mouvement souple et me saisis aussitôt d’un pantalon de toile, pour l’enfiler à la va vite, bouclant la large ceinture sur mon débardeur anthracite.
- Ils viennent recruter ?
Je connaissais déjà la réponse mais je savais également que le jeune homme était si tendu que le son de ma voix lui faisait du bien, le rassurait.
- Oui, hommes et femmes.
Je grognai.
- Où est Uba ?
- Elle dort, me dit-il simplement.
Uba était ma nourrice. Je savais que les soldats ne la prendraient pas. Elle était maintenant bien trop vieille pour distraire les hommes du roi.
- Il faut te cacher, dis-je à Nikko. Ils ne doivent pas t’emmener.
- Kimi, m’interrompit-il alors que je m’emparai d’un long couteau. Tu dois venir avec moi.
Malgré l’obscurité, je le fixai droit dans les yeux de mon regard d’émeraude.
- Si je pars, qui protègera les autres ? Je te rappelle que je me bats aussi bien qu’un homme ! Alors je vais rester !
Nikko se contracta.
- Là n’est pas la question, Akemi… Ils emmènent aussi les femmes… Tu sais ce que cela signifie, n’est-ce pas ?
Je rangeai d’un geste rageur mon arme dans son fourreau.
- Oui, dis-je dans un grondement. Je le sais.
Cela voulait dire que les femmes servaient d’esclaves aux soldats et, même si je n’avais que 16ans, ici, j’étais en âge d’être mariée ou même vendue à bon prix pour le plaisir d’un homme ou de plusieurs.
- Alors viens ! insista-t-il.
Nous nous affrontâmes un long moment du regard. Je savais que malgré ma blondeur, il ne voyait pas aussi bien que moi dans cette obscurité mais il ne cilla pas.
- Très bien, capitulai-je. Allons-y.
Il esquissa un sourire et écarta discrètement les rideaux de la fenêtre pour épier les mouvements à l’extérieur. Je me postai à ses côtés et scrutai à mon tour la nuit.
- Il y a trois hommes, juste devant, dis-je calmement.
Je changeai de position pour voir un peu plus loin. Nikko attendait mon avis.
- Je crois que nous allons devoir passer par les toits, dis-je finalement en repérant une dizaine de soldats en tout.
Le jeune homme regarda le plafond avec anxiété. Il était certes fort, mais pas aussi agile et discret que moi. Et cet exercice le contrariait assez.
- Puisque nous n’avons pas le choix, râla-t-il.
Je souris à demi avant de me saisir d’un long bandana noir. Je relevai ma lourde tresse blonde au dessus de ma tête et la couvrit du tissu épais afin que ma chevelure ne me trahisse pas dans la nuit.
- Je suis prête, lui dis-je en ouvrant la trappe.
L’air chaud du désert s’engouffra dans la chambre, me procurant un frisson de bien être. Je passai la première et, d’un geste souple, me hissai sans bruit sur le toit. Ma petite taille et la finesse de ma silhouette me conférait un atout certain.
Nikko atterrit plus lourdement près de moi, faisant claquer quelques tuiles. Nous attendîmes un instant en silence, pour être sûrs de ne pas avoir été repérés. Avec son mètre 90, Nikko, comme tous les hommes du village, était battit comme un bûcheron. Sa tignasse châtain flottait librement sur ses larges épaules et ses yeux bleus saphir épiaient le moindre mouvement en contrebas.
Accroupie sur l’arrête de la cabane, je songeais une fois de plus que je ne ressemblais vraiment pas aux habitants de cette région. J’avais plutôt la finesse, la grâce et surtout la blondeur des seigneurs de Shufu, la ville du roi, la capitale de ce pays en guerre. Uba m’avait recueillie enfant et j’ignorais tout de mes parents. La nourrice refusant de me révéler mes origines.
- C’est bien mieux ainsi, mon enfant, me disait-elle constamment. Crois moi.
Mais je désirais savoir. Je voulais comprendre pourquoi. Pourquoi ma mère m’avait-elle abandonné ?
Son regard bleu clair comme un ciel d’été, rempli de larmes, me revint en mémoire et je fixai les yeux bleus nuits de mon compagnon d’infortune. Ce n’était pas la même couleur, je le savais. Nikko et moi avions grandit côte à côte, comme frère et sœur mais je savais que ma mère n’était pas d’ici. Quant à mon père ? Il demeurait un mystère et mes yeux verts de jade, que j’avais certainement hérité de lui, étaient extrêmement rares. D’ailleurs, je ne connaissais personne ayant les yeux de cette couleur là.
Je passai nerveusement ma main sur le foulard pour m’assurer qu’il n’avait pas bougé, avant de reporter mon attention sur les soldats.
- On devrait passer par les champs de Yakhu, murmurai-je à Nikko.
Le jeune homme porta son regard au-delà des maisons pour visualiser les hectares de maïs qui partaient vers le sud.
- C’est un peu loin, répondit-il d’un ton hésitant.
- On ne peut pas passer par l’auberge, il y a au moins 5 hommes armés près de la porte.
Je tendis mon doigt pour lui montrer le petit groupe qui se découpait dans la lumière de la fenêtre.
Nikko grinça des dents. C’était le seul autre chemin possible. Le village était niché, au nord, aux pieds des montagnes et une rivière claire mais profonde coupait toute retraite vers l’ouest. L’auberge ouvrait la ville à l’est et les champs de maïs du père Yakhu s’étalaient au sud.
- Avons-nous seulement une chance de sortir de là ? demanda le jeune homme d’une voix désabusée.
Je le regardai d’un air peiné et tendu. Seule, je savais que j’aurais pu sans problème y arriver mais Nikko était loin d’être aussi habile que moi et sa maladresse nous trahirait rapidement. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il me dit d’une voix sourde :
- Vas-y, Kimi. Fuis pendant que tu peux. Moi ce n’est pas grave… mais je refuse qu’ils te prennent.
- Je ne partirais pas sans toi, répondis-je d’un ton farouche. On a toujours tout affronté ensemble alors je ne te laisserais pas tomber maintenant.
Nikko soupira, énervé par mon obstination.
- Il ne s’agit plus d’échapper à nos bêtises d’enfants. C’est sérieux cette fois-ci !
- Je ne vois pas ce que ça change !
- Ca change que ce n’est pas juste une correction ou une semaine de pain sec qui nous attendent si on se fait prendre ! C’est la guerre et l’esclavage !
Je déglutis avec peine.
- Ensemble ou pas du tout ! insistai-je, répétant volontairement notre cri de guerre quand nous nous apprêtions à faire les pires bêtises.
Le regard de Nikko s’assombrit mais il dit néanmoins dans un soupir résigné :
- Très bien. Alors allons-y.
Avec précaution, nous contournâmes le toit légèrement en pente pour atteindre la maison suivante. Un peu plus tard et toujours en silence, nous marchions sur les ardoises glissantes du temple situé presque au sud du village.
Soudain, le cri d’un rapace déchira la nuit et, surpris, Nikko dérapa dans un grand bruit en jurant, avant de se rétablir in extremis sur le bord du toit.
- Nikko ?! chuchotai-je, inquiète.
- Qui va là ? cria un garde en contrebas.
- Merde ! cracha le jeune homme en tentant de se cacher.
Mais c’était trop tard, une dizaine de soldats munis de torches se précipitèrent vers le temple, illuminant la nuit de flammes dorées.
- Kimi ! Fuis ! me dit Nikko d’une voix impérative.
Je ne me le fis pas dire deux fois et d’un geste souple et rapide, je sautai avec agilité sur le toit suivant.
- Là ! hurla un homme en contrebas. Il y en a un qui s’échappe !
Un bruit de bagarre tinta à mes oreilles, suivit d’une course précipitée aux pieds des maisons. Aussi rapide qu’un chat, je me faufilai entre cheminées, gouttières, clochers pour tenter d’atteindre les cultures de maïs, enivrée par la sensation de l’air chaud qui caressait mon visage hâlé.
Soudain, le bruit d’une flèche fusa à mon oreille. Surprise, je m’arrêtai pour repérer l’auteur du jet et vis mes assaillants encercler la maison sur laquelle je me trouvais.
- Flûte ! crachai-je en cherchant une issue des yeux.
- Par ordre du roi, descendez de ce toit immédiatement et il ne vous sera fait aucun mal ! cria un des soldats.
- Ouais, c’est ça ! grommelai-je en avisant une corniche sur la façade d’en face.
En un rien de temps, ma décision fut prise. Dans un élan puissant, je m’élançai vers l’étroit morceau de brique qui dépassait à quelques mètres de là. J’atterris avec aisance sur la corniche mais fus aussitôt déséquilibrée. Le fronton cédait sous mon poids.
- YYYAAAAAAAHHHH !
Je chutai au pied du bâtiment dans une pluie de plâtre et avant même de pouvoir me relever, deux mains m’agrippèrent pour me tirer sans ménagement au milieu de la horde de soldats, s’emparant de mon arme au passage.
- On le tient capitaine ! hurla le soldat qui me tenait fermement par le bras.
Je relevai la tête et aperçus un homme aussi grand que Nikko, mais les cheveux aussi blonds que les miens, avancer vers moi et me dévisager de son regard bleu ciel un arc à la main et les flammes des torches se reflétant sur son armure d’argent. D’un geste vif, il ôta mon bandana, libérant ma longue tresse blonde de sa prison de tissu.
- Attachez-là ! dit-il d’une voix froide. On l’emmène avec nous.
Puis, sans un mot de plus, il me tourna le dos pendant que je me débattai avec fureur, mettant à mal quelques soldats.

Finalement, plusieurs hommes et femmes furent emmenés, en plus de Nikko et moi, sous les pleurs et cris des habitants du village.
Uba s’effondra presque en me voyant parmi les sélectionnés. Je la vis se précipiter vers le capitaine pour le supplier de me libérer, disant que j’étais son unique fille. Le géant blond me lança un regard glacial et repoussa la nourrice d’un geste brusque en la traitant de voleuse d’enfant.
- Ne la touchez pas ! hurlai-je avec hargne en tirant sur les liens qui me retenaient.
Un soldat me frappa de sa lance pour me contraindre à reculer et à me tenir tranquille. Je lui crachai à la figure.
- Pourriture ! éructai-je.
- Akemi ! Calme-toi ! intervint Nikko. Ca ne sert à rien de les énerver encore plus.
Je lui jetai un regard farouche.
- Comment peux-tu les laisser frapper Uba ?! Ce n’est qu’une vieille femme ! Elle ne peut pas leur faire de mal, alors pourquoi la maltraiter ?!
- Calme-toi ! répéta-t-il en me regardant au fond des yeux d’un air sévère.
Il était le seul à supporter et à pouvoir soutenir l’intensité de mon regard d’émeraude. Même au plus fort de ma colère. Je détournai bientôt les yeux, capitulant devant cette confrontation muette.
Contre toute attente, le capitaine était revenu sur ses pas et s’approchait de moi :
- Quel est ton nom ? me demanda-t-il presque courtoisement.
Je le fixai d’un air farouche sans répondre.
- Ton nom ?! répéta-t-il en détachant bien les deux mots.
Il ne bougea pas d’un millimètre et ne haussa pas la voix mais une sorte de menace sourde planait dans sa question.
Je serrai les dents.
- Akemi Mejishi, finis-je par dire.
Il me fixa un long moment avant de regarder Nikko. Puis, nous tournant à nouveau le dos, il fit signe aux soldats présents qui nous conduisirent sans ménagement vers des charrettes de fortune.

Si le début de cette histoire vous a plu, vous pouvez trouver les chapitres suivants sur http://fanfictions.forumonline.biz

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Commentaires
M
T'as encore trouvé un moyen de te faire laisser un commentaire !! T'abuserais pas des bonnes choses là ^^ !! Sérieux, j'adore !!
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